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Cartier Santos-Dumont, à l’origine des montres bracelet

Cartier Santos-Dumont, à l’origine des montres bracelet

Je ne suis pas un grand fan de montres de poches. Pour être tout à fait honnête je trouve même que l’espèce de mode récente de sortir des montres a gousset contemporaines est un peu ridicule (toutes vues exprimées dans cette chronique sont celles de son auteur et n’engage en rien ce site, bien entendu).

Non mais sérieusement, tu te vois (on se tutoie toujours, hein ?) sortir une montre à gousset pour regarder l’heure, genre dandy des temps modernes ? Et pourquoi pas une canne à pommeau d’or pendant qu’on y est ?

Drôle d’entrée en matière pour une rubrique sur les montres vintage ? Pas forcément. En fait, la montre d’aujourd’hui est un peu à l’origine de cette opinion car elle a plus ou moins provoqué l’obsolescence complète des montres de poche.

Parce qu’aujourd’hui je vais parler d’une des toutes première montres bracelet, ou tout du moins d’une des premières pour homme et très certainement de celle qui a fait que les hommes ont envisagé de porter leur montre au poignet et non dans une poche gousset.

Je vais parler de la Cartier Santos-Dumont.

Pour parler de la Santos, je pense qu’il faut d’abord introduire le personnage d’Alberto Santos-Dumont, héritier Franco-Brésilien d’une riche famille et pionnier de l’aviation au tournant du 19ème siècle. Un scenester de l’époque, très regardé sur la place de Paris et admiré pour son élégance, ça jouera dans l’histoire. Un excentrique, aussi, mais ça c’est plus anecdotique.

Santos-Dumont a été le premier à faire voler un avion en Europe, devant témoins, sur une centaine de mètres au jardin de Bagatelle et a consacré pratiquement toute sa vie à la conquête de l’air. Il a inventé le premier avion capable de décoller par ses propres moyens (les frères Wright utilisaient une catapulte), bref, PAS N’IMPORTE QUI.

Alberto, donc, était assez proche d’un autre personnage novateur (et élégant) : Louis Cartier.

Et c’est là que ça devient intéressant pour nous. Alberto, lors de ses vols, ne peut pas vraiment lâcher les commandes de l’avion, et ne peut donc pas regarder l’heure (ça, vue la durée du vol, ce n’est pas le plus grave) ni mesurer le temps qu’il passe en l’air (ça, c’est déjà nettement plus important).

Il en parle donc à son bro Louis, en lui demandant s’il n’a pas une idée pour l’aider. En 1904 Louis, qui a travaillé sur le prototype avec Edmond Jaeger (encore lui), lui présente sa Santos : une montre bracelet à porter au poignet et qu’il peut donc lire en gardant les mains sur les commande de ses appareils.

Quand le 12 Novembre 1906 Alberto Santos Dumont vole sur 220 mètres, et que le public le voit à l’arrivée vérifier la durée du parcours à son poignet, les spectateurs remarquent son garde-temps. Et comme Alberto est une sorte de trendsetter mondain, il ne faut pas longtemps pour que les branchés et la bourgeoisie s’enflamment pour les montres bracelet.

Santos 1915

La demande grandissant, Cartier commence par la commercialiser en commandes spéciales à partir de 1908 et elle est proposée au public à partir de 1911. Elle porte depuis le tout début le petit cabochon bleu sur la couronne qui est devenue la marque de fabrique de Cartier.

Et il faut admettre que d’un point de vue esthétique c’est une réussite. Son look très particulier est précurseur de l’Art Déco et représentatif d’une certaine esthétique industrielle : les vis apparentes sur la lunette et le bracelet métallique, la forme géométrique et les angles arrondis, mais également le cadran à chiffres romains oversize et étirés. La Santos est à la fois robuste et raffinée, simple et sophistiquée, convenable pour à peu près toutes les occasions.

Santos 1920’s

Santos or 1926

Santos 1930’s

Elle reste relativement inchangée jusque dans les années 70 où, pour lutter contre la contrefaçon qui passe à la vitesse croisière, Cartier intègre un détail dans le cadran pour complexifier la reproduction : la barre fine du X est en fait composée du mot « Cartier » écrit en tout petit. A cette époque, Cartier orchestre des évènements médiatiques au cours desquels les contrefaçons sont écrasées au rouleau-compresseur devant la Presse. On raconte que cela inspira les compressions de César. Sur les modèles plus récents le même détail est intégré mais sur la petite barre du V du chiffre VII.

Détail Santos 1970’s

Détail VII Santos 1980’s

Elle est en toujours en vente aujourd’hui, et s’est vue évoluer au grès du temps et des complications. Des versions rondes et octogonales sont intégrées à la famille Santos dans les années 80 et 90, mais pour ma part c’est la version carrée qui reste la plus belle.

Et depuis la fin des années 80, son aura est renforcée par un ambassadeur de choc : Gordon Guekko dans le Wall Street d’Oliver Stone porte une Santos en or, symbole de son statut et de sa toute puissance (relative – spoiler alert).

Alexandre THOMAS (CQTM)

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