Ça y est, le rideau est officiellement levé sur le salon Baselworld 2019. L’occasion de découvrir les premières nouveautés que les amateurs attendent avec impatience.
On commence avec Tudor qui avant même l’ouverture du salon faisait énormément parler. Des fuites présentant certaines nouveautés avaient effectivement filtré et généré sur la toile toute une série de commentaires et de réactions en chaîne. Crevons l’abcès tout de suite : tout est vrai. Une Black Bay baptisée P01 reprend effectivement les traits d’une «U.S. MARINE» prototype plus que controversée.
Risqué ? Oui. Clivant ? Aussi.Osé ? Certainement. Maintenant, avec un peu de recul et quelques explications, c’est carrément pas mal! jugez plutôt…
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Tudor « U.S. MARINE » : comprendre une légende controversée de l’horlogerie
Revenons en arrière un instant pour tous ceux qui ne seraient pas familiers avec la légende « U.S. MARINE ». Un design unique et fonctionnel à la personnalité très forte, c’est le moins qu’on puisse dire. On raconte que ce prototype fut développé par Rolex et Tudor suivant un cahier des charges fourni par le corps des Marines de l’U.S. Navy auquel ils fournissaient déjà des Submariners.
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“Un prototype dont la production ne vit jamais le jour et un design qui tomba dans l’oubli… jusqu’à ce qu’il tombe dans le domaine public.”
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Cette légende, qui a bien des facettes et des versions, raconte que la majorité de ces pièces en circulation aujourd’hui auraient été produites à base de composants Rolex et Tudor par des collectionneurs Vietnamiens.
Des éléments restent flous, notamment la raison de l’orthographe singulière « U.S. MARINE » et non « U.S MARINES », section commando de la marine américaine. Certains vont même jusqu’à prétendre qu’elles n’ont jamais existé et qu’elles ne sont que de la pure fantaisie…
Quoi qu’il en soit, ce design ne vient pas de nulle part, et il fascine à bien des égards.
“Où est donc la vérité ? Certainement quelque part entre ces lignes, mais où exactement, nul ne le sait vraiment.”
Il est donc surprenant de voir Tudor s’inspirer d’un design qui appartient à une partie aussi sombre et floue de son passé, ne serait-ce que dans l’esprit des collectionneurs. Mais peut-être aussi est-ce justement un excellent moyen de faire parler et de remettre en avant un design abouti, osé et fonctionnel que l’histoire a injustement décidé de bouder.
En passant au poignet cette BlackBay P01, Je penche très nettement pour la deuxième option…
Tudor Black Bay P01 : un design unique prend enfin vie !
Je vous propose donc de nous éloigner de toute polémique un instant pour considérer ce qui nous importe aujourd’hui : une montre, son design, ses caractéristique et son prix. Autant d’éléments qui nous permettrons de lui attribuer un jugement « plaisir ».
Je commencerais par dire que pour moi, cette montre n’a rien d’une Black Bay. Ni par la boîte, ni par le cadran. Il est donc étrange, voir dommage de la voir rejoindre les rangs de cette collection aux rangs déjà très étoffés. Mais ce n’est pas si grave.
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“Cette boîte de 42mm ressemble bien davantage à celle d’une grosse Submariner qu’à une Black Bay. Et c’est une très bonne chose”
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Cette boîte de 42mm ressemble bien davantage à celle d’une grosse Submariner qu’à une Black Bay. Et c’est une très bonne chose. Notez que le poignet de Nicolas, photographié ci-après portant la montre, ne mesure que 16,5cm de circonférence. Malgré cela, la boîte aux imposantes pièces de bout s’y pose comme un charme.
La lunette crantée se bloque grâce à la pièce de bout du bracelet située à midi. Pas exactement selon le brevet de 1968, mais l’esprit est évidemment très similaire et bien conservé.
Le cadran bombé noir mat est d’une belle sobriété, fidèle à l’esthétique utilitaire du modèle de référence. Index peints, marqueur triangulaire à midi et large minuterie extrêmement lisible. Trois lignes de texte sobres à 6h dont une étanchéité en rouge : 200m 660ft.
Remarque également sur la couronne que j’aime beaucoup. On retrouve ici l’esthétique des couronnes signées de la couronne et non du bouclier. Exit donc le tube anodisé des Black Bay. Vous voyez, lorsque je vous disais que cette P01 ne devrait pas appartenir à cette collection… Ok, j’arrête.
Quant à cette lunette graduée 12h, elle est très réussie. La partie crantée fonctionnelle affine le profil et vient réellement se coller à la boîte. Elle rappelle aussi évidemment la lunette des vieilles Submariner, mais je suis sans doute un peu biaisé…
Petit bémol sur la présence de l’aiguille snow-flake que je trouve ici étrange. Je comprends bien qu’elle soit devenue le symbole fort d’une esthétique Tudor. Je comprends aussi qu’elle fasse le lien avec la famille Black Bay, mais les index non cerclés étant bien plus petits, une aiguille glaive, sans être forcément mercedes, aurait pu être vraiment bien…
Notre avis
Une pièce extrêmement fonctionnelle qui reprend une esthétique, certes controversée, mais unique, équilibrée et engagée. A titre personnel, voilà déjà trois qualités que je ne me lasse pas de voir en horlogerie…
Ajoutez à cela le mouvement de manufacture MT5612 certifié chronomètre, une étanchéité à 200m, un verre saphir bombé et un prix contenu de 3.750 CHF et vous aurez quelque chose qui a vraiment beaucoup de sens.
Une forte personnalité au passé trouble qui va faire parler et qui divisera, c’est certain. En même temps, ne pourrait-on pas dire des montres ce que l’on dit des hommes : « Montre sans ennemis, montre sans valeur » ? Lorsqu’on parle design et personnalité, je pense que si…