Le costume de soirée Entre audace et sobriété
Il y a quelques mois de cela, nous passions un moment exquis à bord du Royal Scotsman avec des amis proches, tous réunis autour de notre ami Matt Hranek. Avec qui vous devez être désormais familier.
Pour les diners de cette semaine, le black tie était obligatoire. Pas de costume noir, pas de cravates, extravagances permises toutefois, en restant dans l’esprit. Une occasion qui n’arrive pas si souvent et sur laquelle j’aimerais revenir un instant.
Pour cela, je vais m’appuyer sur les savoirs de Mickael Korausch, un ami rencontré il y a quelques temps chez le grand tailleur Huntsman & Sons de Londres, et qui est le concepteur de noeuds papillons la Bowtique. Une pointure en la matière, qui travaille depuis 5 ans sur cette rue exceptionnelle de la capitale anglaise et fabrique à la main ses noeuds pour de nombreux tailleurs.
C’est en quelque sorte lui qui parle à travers ma plume.

Black Tie : c’est quoi ?
Le black tie, c’est le costume de soirée, tout simplement. Pour des occasions formelles, mais aussi quand vous voulez.
L’envie doit tout de même faire s’équilibrer la sobriété, la simplicité et la fonctionnalité, tout en ajoutant une pince d’excentricité pour ceux qui l’assumeront avec joie.
Le Black Tie classique
Le classique se compose d’une veste et d’un pantalon noirs. La veste voit ses revers en soie ou en faille, et la pantalon noir avec la bande en son long, de la même matière que le revers de votre veste. Sans revers au pantalon.
Le bleu nuit est aussi le bienvenu. Attention toutefois à la lumière artificielle qui fera passer le noir pour un noir/vert et le bleu nuit pour un noir davantage profond.
Sur les black tie moderne, la bande de pantalon n’est plus toujours au rendez-vous. Ce qui est bien dommage.

Le conseil de Mickael est d’opter pour un seul bouton sur la boutonnière de la veste, et de lui préférer au dos 2 fentes ou aucune.
Parlons bien, parlons un instant de revers. Il n’y a pas 15.000 choix. Soit on le préfère pointu, soit on le préfère rond façon “châle”. Un héritier de la smoking jacket dont je vous parlerai ensuite.
La veste 1 bouton peut se troquer contre une veste croisée ou un habit 3 pièces. Seulement, il faudra que le gilet possède une ouverture “Horse shoe”, c’est à dire qu’il soit très bas pour laisser largement apparaître la chemise et surtout ne pas se voir une fois la veste fermée.
Le choix de la chemise
Là encore, il y a certains détails à prendre en considération.
La chemise classique est blanche et sa gorge est cachée. Comprenez qu’on ne voit pas les boutons. Mais on peut s’amuser à choisir des boutons qui sortent de l’ordinaire. Pour les amoureux des années 60 que je sais nombreux, la chemise se porte aussi avec un plastron en coton marcela ou plissé.
Aujourd’hui, le black tie plus moderne voit parfois des chemises couleur ivoire arriver sur le devant de la scène. Certains osent aussi des couleurs très pales lilas ou bleu. Pourquoi pas ?
Le col ne doit pas être trop ouvert ni trop pointu, et si on l’aime classique on le choisira cassé.
N’oubliez surtout pas vos boutons de manchette.
Les souliers
La tenue classique adoptera des souliers Oxford, au détail près d’un cirage miroir.
Les chaussures vernies font naturellement légion au pieds des gentlemen, et pour ceux qui veulent choisir le confort et une pointe de dandysme, je ne peux que recommander le port de chaussons d’Opéra (“Opera pump” chez nos voisins anglais) ou de chaussons en velours.
Apprendre à oser
Voilà à mon sens la partie cruciale. Avant tout, le black tie est un bon moyen de faire preuve d’extrême raffinement et de la pointe d’originalité qui va bien tout en ne faisant aucune erreur.
Tout d’abord, été ou non, l’association pantalon noir/veste blanche, et même du smoking blanc/ivoire est une belle idée. On optera davantage pour un col châle, qui avec le blanc offre une agréable douceur. Le combo couleur inverse est compliqué.

C’est la veste en velours qui fait la différence. Les couleurs ne posent aucun problème, que vous vouliez faire le choix du marron ou du rouge. Les revers seront en velours ou en satin noir. Pour ceux qui voudront presser le bouton “retour vers les années 70”, le pantalon en velours n’est jamais très loin.
Parlons un instant de vestes de smoking. La veste de smoking avait une utilisation toute particulière que l’on retrouve moins aujourd’hui. Alors que vous participiez à un diner formel en black tie, le passage de la table au fumoir pour vous délecter de la bouffée de ce cigare Nicaraguayen se faisait après avoir revêtu une “smoking jacket”. Un peu longue, col châle, et souvent la ceinture pour l’attacher. La raison ? Protéger la veste des odeurs, et surtout être plus à l’aise.
Aujourd’hui, vous pouvez directement opter pour cette veste à la place de la classique dont je vous parlais, et vous pouvez aussi avoir les deux et ainsi vous évaporer un instant le temps de la revêtir et de revenir au salon pour la liqueur du grand-père.
Le noeud papillon
Après toutes ces explications, voilà le moment que Mickael attendait tant. Le noeud papillon, ses déclinaisons et la façon de le porter.
La cravate est à bannir. Quand on revêt son costume de soirée, le noeud papillon à nouer est l’unique morceau de tissu qui viendra agrémenter votre mise, en plus du mouchoir bien entendu.

De manière classique, on accordera la matière du noeud à la matière du revers de notre veste. Dans le cas où nos revers seraient de velours, pour éviter la lourdeur de l’association dans certains cas, on préfèrera le satin.
Pour la taille et la forme, il faut maintenant retenir deux choses. Tout d’abord, comme avec les cravates, et pour un peu d’harmonie, la “hauteur” du noeud s’accorde avec la taille du revers de notre veste.
Ensuite, la forme du noeud dépendra de la forme du visage, un peu comme les lunettes. Vous pourrez alors choisir un noeud plutôt arrondi “butterfly”, un noeud “batwing” plus carré, un noeud “diamond” à l’allure vintage, et enfin le noeud “tombant” ou la partie basse est un peu plus longue.
Qu’il soit en velours gris, rouge ou vert, il ne faut pas hésiter à rappeler son noeud par un petit détail de chaussettes ou de chausson.
Enfin, n’oubliez pas votre pochette. Moins d’extraversion ici, elle est classiquement blanche et peut être parsemée d’une autre couleur pour rappeler le noeud papillon. Exercice risqué mais ça peut marcher.
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Le combo favori de Mickael est simple. Une veste croisée 2 boutons au revers de satin pointus et larges, des chaussures d’opéra vernies et un noeud large en velours gris.

Il apprécie les détails, et en matière de black tie, peu se prennent à la légère. Comme avec un costume classique, le but est d’assumer ses choix, d’y mettre du coeur et de l’harmonie. Et surtout, le black tie permet d’oser des associations qui peuvent être explosives…tout en restant aussi douces que le toucher du velours.
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Merci à Mickael pour son aide et ses photos, dont une grande partie a été réalisée par Pontus Jonsén. Le reste des photos vous l’avez reconnu provienne de notre voyage en train à travers l’Écosse et de l’oeil d’Andy Barnham.
Je me souviens d’un vendeur chez Old Emgland me repliquant un “vous n’êtes pas garçon de café” quand je lui ai demandé d’essayer une veste de smoking col châle.
Il avait raison.