La Chanel J12 occupe une place bien particulière dans le paysage horloger. Quand on songe à Chanel, on ne pense en effet pas automatiquement aux montres, sauf peut-être des modèles plus “accessoires”. Ce qui n’est pas étrange quand on connait par ailleurs le rayonnement historique et international de celle-ci dans le domaine de la mode.
Tout d’abord, Chanel apporte depuis plusieurs années une véritable proposition en matière d’horlogerie, et surtout, plus que de simples accessoires, une véritable identité, des designs travaillés, et mécaniques intéressantes.
Retour sur le phénomène J12, l’horlogerie chez Chanel et deux éditions spéciales “20ème anniversaire”.
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chanel j12 : genèse
Première question tout à fait légitime : d’où vient le nom “J12” ?
Pour être tout a fait honnête avec vous, je n’en sais toujours rien de très précis. Il y aurait un lien avec les navires de classe J, qui ne sont autres que de grands voiliers de course. Le genre à participer à la Coupe de l’America.
Une montre qui est donc inspirée de l’univers nautique, dévoilée par Chanel en 2000, qui affiche un design – il faut l’avouer – largement inspiré d’une certaine Rolex Submariner.
Une pièce entièrement confectionnée en céramique noire, du boitier de 38 mm au bracelet, une lunette tournante unidirectionnelle, une couronne vissée offrant 200 mètres d’étanchéité, un mouvement automatique et 3 aiguilles date. Basta.
Une montre à la fois “mode” par sa céramique brillante et autres détails, mais capable d’encaisser les chocs et faite pour être utilisée en toutes conditions.
L’autre point crucial, et pas des moindres pour l’époque : Chanel propose avec sa J12 une montre véritablement unisexe. Elle ira donc aussi bien au poignet d’une femme qu’à celui d’un homme.
Le succès est au rendez-vous, les choses s’enchaînent et Chanel poursuit sa conquête en offrant bien plus qu’une trois aiguilles date.
chanel J12 : galerie de l’évolution
La céramique blanche l’habille dès 2002, et l’on voit déjà la volonté de Chanel d’y incorporer aussi des complications horlogères. Comme la version chronographe qui apparaît la même année.
On retrouve le visage de la J12, avec une petite seconde à trois heures, un totalisateur des 30 minutes du chrono à neuf heures et des 12 heures à six heures. Toujours une date à 16h30, un mouvement ETA (certifié COSC cette fois-ci) et la pièce a pris 3 mm de plus pour taquiner les 41mm.
Il faut attendre 2005 pour voir la J12 respirer au rythme d’un tourbillon. La réserve de marche atteint 100 heures mais, chose normale, l’étanchéité tombe. On ne peut pas tout avoir, mais le design reste et c’est le principal. Une édition limitée dans un boitier de 38 mm disponible en céramique noire ou blanche.
La même année, une très belle déclinaison, davantage sportive fait son apparition dans la collection J12 : la Superleggera. Elle combine toujours la céramique, mais cette fois à l’aluminium, dévoile un cadran avec deux gros sous-compteurs, une petite seconde à trois heures et un totalisateurs de 30 minutes du chronographe à neuf heures. Elle est couronnée d’une lunette tournante unidirectionnelle et son échelle tachymétrique. Sport.
2007 et 2008 sont deux années importantes. Tout d’abord, Chanel continue son exploration des complications et propose une J12 GMT qui lui va particulièrement bien. Entre l’extrémité de l’aiguille rouge et la belle lunette 24 heures en acier noir, elle ne commet pas d’erreurs.
En 2008 on commence à voir les liens que la marque tisse avec Audemars Piguet pour la recherche sur ses mouvements. Pas de honte à cela, on va chercher les spécialités là où elles se trouvent. Cela amène au développement du mouvement AP 3125 : de la céramique noire s’insert sur la masse oscillante, la réserve de marche atteint les 60 heures, et le mouvement est agréable à regarder par ses finitions.
2009 voit un jeu sur la céramique. Les ateliers suisses Chanel à La Chaux-de-Fonds métamorphosent un bloc de céramique pure en 724 baguettes qui, serties, confèrent à l’édition limitée de 5 pièces une belle profondeur, et un visage hors du commun tout en gardant une once de sobriété.
2010 marque un retour aux racines aquatiques avec la présentation d’une Chanel J12 Marine. Désormais étanche à 300 mètre, équipée d’un bracelet en caoutchouc noir, elle revêt une céramique noire microbillée moins “tape à l’œil”, mais conserve toujours un twist, ici bleu sur la lunette tournante unidirectionnelle et luminescente.
Elle se rapproche donc davantage d’un outil pour plonger, toujours en gardant évidemment la touche Chanel.
Les 10 ans de la J12 sont là, et la marque les célèbre par une complication rétrograde mystérieuse, choisissant ainsi la voix de la haute horlogerie. Il faut cette fois regarder du côté des ateliers de Renaud et Papi (APRP SA) pour la conception du mouvement : tourbillon, lecture des minutes digitale, aiguille des minutes rétrograde, réserve de marche de 10 jours et couronne verticale rétractable. Chanel tape très haut !
On parle complications, mais on ne voit pas la Lune. Il faut attendre 2013 pour cela et l’arrivée d’une J12 Moonphase où le satellite se dévoile sur fond d’aventurine dans un boitier céramique de 38 mm. L’indication de la date se fait via une aiguille centrale qui pointe vers une échelle interne.
L’atelier Renaud et Papi fait son grand retour en 2014 et 2015 en concevant un autre mouvement tourbillon, volant cette fois, et affichant une forme d’étoile. Moins notre came, mais il faut tout de même saluer une jolie pièce.
Je vous passe quelques déclinaisons sans importance pour notre déroulement chronologique où les diamants éclaircissent les cadran et la montre se mêle aux gants et aux manchettes crées spécialement pour l’occasion.
Je me souviens très bien de 2017. La présentation d’une J12 amusante où Gabriel Chanel stylisée indique l’heure grâce à ses bras. Un exercice différent pour Chanel, mais qui pris avec du recul est très intéressant.
La collection prend un tournant en 2019 avec l’apparition d’une nouvelle touche stylistique et horlogère avec l’action d’Arnaud Chastaingt, Directeur du Studio de Création Horlogerie de Chanel.
La J12 s’offre une lunette affinée, la typographie de ses chiffres redessinée, la largeur de sa couronne réduite et l’épaisseur de son boîtier un peu augmentée. Le profil est adouci.
Plus important encore, son boitier et son mouvement changent. Elle possède désormais un boîtier monobloc en céramique, serti d’une glace saphir permettant d’admirer le nouveau calibre 12.1, mouvement conçu et développé exclusivement pour Chanel par Kenissi, Manufacture suisse de mouvements, où Chanel prend d’ailleurs participation.
chanel J12 : 20 ANS PLUS TARD
C’est donc dans un contexte très particulier que la nouvelle icône Chanel célèbre ses 20 ans avec, premièrement, la présentation du modèle J12 paradoxe.
Si au premier coup d’œil l’on peut penser à un montage Photoshop il n’en est rien ! La J12 paradoxe mélange la céramique noire sur 1/4 de son boitier à la céramique blanche sur tout le reste du boitier et le bracelet.
Elle ne perd pas ses 38 mm et son calibre certifié par le COSC délivrant maintenant 70 heures de réserve de marche.
L’autre grosse nouveauté est l’apparition de la J12 X-RAY, une nouvelle J12 éclatante dans un boîtier de saphir laissant admirer ses formes. Elle est dotée d’un nouveau mouvement conçu et assemblé par la Manufacture Chanel : le Calibre 3.1.
La platine, le pont de minuterie, le pont de rouage sont en saphir. Ils s’effacent pour laisser la primauté aux roues et autres pièces qui constituent le mouvement. Il faut une semaine pour assembler un tel calibre. Ajoutez à cela quelques diamants, et les bougies sont soufflées.
La ténacité et la créativité de Chanel nous ont prouvé que la J12 n’est pas un simple accessoire de mode.
Chanel a su insuffler une réelle identité à ce modèle, le décliner à de multiples reprises en s’entourant d’acteurs de pointe dans le milieu horloger traditionnel. Que l’on aime ou pas, nous ne pouvons que saluer l’initiative et applaudir le travail réalisé. Bon anniversaire J12 et rendez-vous dans 10 ans !
To be continued...