Le développement des jeunes marques horlogères indépendantes présente de nombreux points positifs. Elles créent de nouveaux designs, trouvent de nouveaux matériaux, et remettent même au goût du jour de vieux modèles qui ont été oubliés, et parfois, qui sont extrêmement rares et un peu obscurs. Et ceci est encore mieux pour ceux qui aiment les montres militaires vintage comme c’est le cas de votre humble serviteur horloger. C’est ce dont nous allons parler aujourd’hui en nous penchant sur la Praesidus Type H-75 Chronograph.
L’inspiration du chronographe Type H-75
Bien qu’il soit peut-être difficile de l’imaginer, un grand nombre des marques suisses les plus prisées et les plus vénérées ont, à un moment donné dans leur histoire, fourni des montres à diverses armées du monde. Outre les « Dirty Dozen » de 1945 fabriquées par douze marques suisses, Rolex a fabriqué des montres de terrain pendant la Seconde Guerre mondiale (ainsi qu’avant), et Longines a fabriqué des chronographes pour pilotes de chasse à la même époque. Une autre marque qui a fabriqué des montres militaires est Breitling qui, en 1975, a fabriqué entre 500 et 1 000 exemplaires de la réf. 817 pour les pilotes d’hélicoptère italiens, dont 40 exemplaires sont seulement connus aujourd’hui. À la même époque, une autre marque appelée Leonidas a fabriqué un chronographe similaire qui portait la référence CP-2 Pilot et Heuer sortait le Bundeswehr 1550SG.
Le design codifié du chronographe Type H-75
Après avoir jeté un premier coup d’œil à la photo ci-dessus, il ne fait aucun doute que Praesidus s’est inspiré de la Breitling 817 et de la Leonidas CP-2. Et c’est tout à fait ok, car c’est à ce moment-là que je trouve que rendre hommage à une montre est acceptable puisque l’original est rare et que la production a cessé il y a plusieurs décennies. Ces deux modèles, et donc la Praesidus aussi, étaient des chronographes militaires destinés à être utilisés par les pilotes en mission et, à ce titre, la lisibilité était primordiale. C’est pourquoi nous trouvons de grandes aiguilles des heures et des minutes dont la forme est unique – je fais référence ici à la façon dont les aiguilles se rétrécissent aux deux extrémités. L’aiguille du chronographe comporte un grand élément triangulaire pour la rendre aussi lisible que possible dans le cockpit.
Les grands chiffres arabes pour les heures sont faciles à voir et sont dotés d’une police de caractères d’époque qui se distingue par son caractère large et arrondi. Tous ces éléments ainsi que les trois aiguilles comportent de bonnes applications de matière luminescente pour la lisibilité nocturne et ce dernier aspect de cette montre est souligné par la nature très contrastée du cadran. Les aiguilles sont entièrement brossées et les index sont imprimés sur un cadran mat à la texture sableuse. Les index semblent en fait être surélevés par rapport au cadran, ce qui est un bon compromis entre les peindre ou les appliquer. Les deux sous-registres sont tout aussi lisibles que sur les originaux. Tous deux sont dotés de petites aiguilles en acier brossé et tous les repères sont imprimés en blanc sur fond affichant une finition radiale.
Nos coups de cœur : le boîtier et la lunette
En plus du cadran qui est identique à ceux que l’on trouve sur les modèles qui ont inspiré le type H-75 moderne de Praesidus, la marque a aussi fidèlement reconstitué le boîtier. Et l’a si bien fait que nous en sommes devenus vraiment fans pour deux raisons. Tout d’abord, la lunette présente un profil intéressant : la tranche où se trouvent les encoches permettant de l’actionner est inclinée, tandis que l’insert de la lunette lui-même est incliné vers le bas et se trouve 1 mm plus haut que la lunette. Cette dernière est donc facile à tourner et elle a fière allure. Deuxièmement, Praesidus a réussi à préserver l’emplacement des poussoirs du chronographe par rapport à la grande couronne qui se trouve légèrement au-dessus d’eux.
De plus, le boîtier a un profil fin car la lunette, dont nous venons de parler, est assez haute. La partie inférieure du boîtier est inclinée, ce qui le rend confortable à porter et la double finition sur les fines cornes est bien exécutée. L’attention portée aux détails pour reproduire les éléments de conception uniques de la Breitling et de la Leonidas est tout à fait spectaculaire. Et c’est encore plus vrai quand on pense que la Praesidus se vend au prix de $245/235€.
Un cahier des charges moderne
Soyons francs, d’un point de vue technique, la Praesidus ne rivalise pas avec la Breitling ou la Leonidas. Mais vous en aurez par contre pour votre argent. Tout d’abord, la Praesidus est équipée d’un calibre chronographe Seiko VK64 Mecaquartz (+/- 20 secondes par mois), ce qui constitue un bon compromis. Le verre est un verre acrylique à double dôme qui est moins résistant aux rayures que le saphir mais plus résistant aux chocs que celui-ci. Comme nous l’avons vu précédemment, le lume est bon et la lunette unidirectionnelle à 120 clics a une action relativement douce. Le boîtier mesure 38 m de diamètre, 45,5 mm d’une corne à l’autre, 11,8 mm d’épaisseur et a un entrecorne de 18 mm. Avec des poussoirs de chronographe et une couronne qui ne se vissent pas, nous avons néanmoins 100 mètres d’étanchéité.
Conclusion
Même si le prix n’est pas tout, il a de l’importance pour un grand nombre de collectionneurs. Et je dirais que $245/235€ est vraiment un prix juste pour ce que Praesidus nous offre. Comme nous venons de le voir, techniquement, la Type H-75 Chronograph est dotée de bonnes spécifications pour en faire une bonne montre militaire vintage de tous les jours. Et visuellement, c’est une recréation fidèle de deux chronographes militaires obscurs des années 1970 dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. Par conséquent, la Praesidus est elle-même un modèle obscur qui ferait un bon ajout à votre collection de montres outils.